Puisque tout le monde a droit à son biopic, il est bien évident que l’immense Miles Davis ne pouvait pas y échapper.

Icône du jazz pendant plus de quarante ans, l’homme à la trompette auteur d’albums cultes comme Kind of Blue, Bitches Brew ou encore Tutu est incontestablement à l’origine d’énormément de mouvements musicaux actuels.

En tant que grand fan du personnage, Don Cheadle a été lancé sur les rails de ce film dès 2006, lorsque Vince Wilburn Jr (le neveu de Davis) annonça qu’il y aurait un biopic qui serait réalisé prochainement.
Le projet a pu réellement voir le jour en juillet 2014, après avoir réuni 350 000$ lors de leur campagne de crowd-funding.

 

C’est donc Don Cheadle qui portait la direction, la réalisation ainsi que le rôle principal dans cette aventure.
L’idée de ce dernier était de réaliser un biopic différent, estimant qu’il serait impossible de raconter la vie de Miles Davis en deux heures :

« Tu essayes de capter la vie d’une personne en 90 minutes ou deux heures. C’est impossible, voire même inutile. Si tu veux raconter la vie de Miles Davis, il faudrait six films. »

L’œuvre propose donc une vision de la vie du jazzman lorsqu’il a quitté le devant de la scène à la fin des années 70, se concentrant sur la personnalité si particulière du personnage. On plonge donc immédiatement dans l’univers de cet homme aux nombreuses facettes, en commençant par son concert expérimental à Osaka en 1975, reconnu aujourd’hui comme un chef d’œuvre, mais qui était loin de faire l’unanimité à l’époque.

La mise en scène nous met brutalement face à la vie tumultueuse de Miles Davis lors de l’année 1978, entre sa retraite, la recherche d’un nouveau son, les drogues, son studio à la recherche de nouvelles bandes, le journaliste de Rolling Stone (joué ici par Ewan McGregor) cherchant à faire une interview annonçant le retour du musicien…

Le scénario tourne en biopic d’action / aventure, ne racontant pas bêtement la vie de Davis de A à Z, mais proposant au spectateur de vivre la vie d’un des plus
grands trompettistes de l’histoire, on croisera évidement le chemin de quelques grands noms comme Bill Evans, Teo Macero ou Wayne Shorter
Les premières critiques sont donc très variées à la réception de ce film très attendu, beaucoup s’attendant à un film plus narratif, et n’appréciant pas que certains passages aient pu être inventés. Don Cheadle quant à lui sait aborder les avis de chacun à sa manière, comme il l’avouait lors d’un interview pour Business Insider :

« Je pense que si tu veux lire les critiques, tu dois accorder quelles sont toutes justes. Je pense avoir lu deux types de critiques parfaitement opposées à propos de mon film, mais je suis d’accord avec les deux. »

En conclusion, que vous soyez fan du grand Miles ou que vous n’ayez jamais entendu son nom (si c’est encore
possible), ce film a vocation à plaire, proposant une immersion dans un milieu chaotique, dont il est difficile d’entrevoir les réalités en tant que spectateur extérieur.
Comme la série Vinyl de Martin Scorcese et Mick Jagger essaye (difficilement) de montrer, l’univers de la musique est impitoyable, et ronge d’innombrables musiciens de talent.

En dehors de rendre un grand hommage au génie de Miles Davis, c’est le message que Don Cheadle a voulu faire passer en proposant ce biopic d’action, pour mettre au grand jour la réalité derrière la carrière extraordinaire du jazzman, ayant formé des artistes comme Marcus Miller, Herbie Hancock, Chick Corea et tellement d’autres grands noms ayant apporté une marque indélébile sur la musique moderne.

Incontournable donc, le film sort aujourd’hui chez Sony Classics, l’occasion idéale pour vous faire votre propre avis sur la question, ainsi que de découvrir l’univers de ce génie intemporel.

Par Renaud Alouche