Installé à Montréal depuis maintenant dix ans, Ghostnaut, beatkmaker français, commence à faire parler de lui outre-Atlantique, avec la sortie de son deuxième album, Lips.

Cherchant ses inspirations aussi bien chez A Tribe Called Quest ou Robert Glasper, mais aussi J Dilla, Oddisee, voire même Potatohead band, il fait ses classes en piano classique et jazz avant de se trouver une passion pour le beatmaking.

Après avoir sorti un premier EP en featuring avec DJ Brace, le français voulait des collaborations avec des MC’s pour ce nouvel opus, ce qui donne un résultat particulièrement polyglotte.

 

On a d’ailleurs eu la chance de discuter avec Ghostnaut, qui nous révèle les secrets de son labo de beats.

Le travail de base est de partir en dig de sons uniques en vinyles shop, pour bâtir sur une ligne de basse, ou des lignes harmoniques de Rhodes, le beat voit donc le jour à Montréal majoritairement. Ses idées musicales et inspirations se collent par la suite, pour construire un morceau complet, en instrumental, puis il reste à trouver un MC, pour poser sa voix sur sa production.Pour Lips, on retrouve Raashan Ahmad, de San Francisco,  le poète Azeem de Brooklyn et le collectif de jazz venu de Nouvelle Zélande, Raw Collective.
La touche finale est apportée par Cascade Records, à Paris,  label de Ghostnaut, qui clôture ce tour du monde musical en beauté.

Reste à parler de choses concrètes, a savoir les 7 tracks qui composent ce nouvel opus.

On ouvre avec un prélude instrumental, entrée en finesse dans l’univers de l’artiste, puis arrive immédiatement « Spoken Words », ballade jazzy, avec des cuivres légers qui accompagnent les rimes de Raashan Ahmad. L’engagement d’Azeem se fait ensuite sentir sur « Lips Move », comme nous révèle le français :

« Le message derrière cette chanson est clairement d’actualité, sur ces discours politiques où on promet la lune au peuple mais finalement ceux qui en profite sont ceux en haut de l’échelle qui manipulent pour satisfaire leur ego. Azeem joue sur le fait de voir des lèvres bouger mais d’être dans l’incapacité de comprendre ce qu’elles disent… Et on a joué avec cette image sur le cover de l’EP »

Le reste de l’album propose un savant mélange entre beats posés, messages forts, et pistes instrumentales recherchées. On s’arrêtera tout de même sur « Mozambique », où l’on retrouve Raashan pour un rap rythmé, soutenu par une instru aérienne, quasi-dansante.

Au final, voilà un projet dont on a peu entendu parler, mais qui mérite de recevoir un coup de projecteur. Multiculturel, inspiré autant par le jazz que le rap, contenant un message fort, Ghostnaut propose ici un opus dans l’ère du temps, liant le message d’artistes venants d’endroits totalement différents pour offrir aux auditeurs un moment en suspens, apportant un recul nécessaire sur l’actualité débordante, qui n’offre pas de répit.

« T’es triste? Alors écoute du Ghostnaut, c’est la solution pour te redonner le smile »

Pour chopper l’album, c’est par

Par Renaud Alouche